Grippe aviaire : une nouvelle souche en Chine infecte les chiens et présente un risque potentiel pour l'homme
Une découverte récente dans la péninsule de Leizhou, en Chine, a suscité des inquiétudes au sujet d'une nouvelle souche de grippe aviaire, le H3N2, qui semble infecter les chiens plus gravement qu'auparavant et a développé des caractéristiques qui la rendent plus adaptable à l'homme.
Une étude publiée dans Frontières révèle que le virus commun de la grippe A a changé d'espèce, se propageant des canards aux chiens. Il s'est depuis recombiné avec d'autres sous-types, augmentant ainsi sa capacité à infecter les humains. Alors que le virus est actuellement classé comme faible pathogénicité, les scientifiques préviennent que le H3N2 circule déjà en Chine, en Corée du Sud et aux États-Unis depuis au moins 2023, son état actuel restant inconnu. Les chercheurs préconisent maintenant la mise en place d'un système de surveillance complet impliquant les hôpitaux vétérinaires, les refuges et les marchés du commerce des animaux de compagnie afin de suivre son évolution.

Des chiens aux humains ?
Le virus H3N2 est présent chez les chiens depuis des décennies, provoquant des symptômes semblables à ceux du rhume, de la toux et, dans les cas graves, la mort. Cependant, des mutations récentes l'ont rendu capable de déclencher des symptômes respiratoires intenses et, dans de rares cas, des complications neurologiques chez l'homme.
Auparavant, on croyait que les virus de la grippe canine et humaine étaient distincts et ne pouvaient pas s'infecter. Cependant, de nouvelles preuves suggèrent le contraire.
Le professeur Zhao Zhihui de l'Université océanique du Guangdong à Zhanjiang, en Chine, explique : « L'analyse de six souches isolées a montré que leurs génomes étaient réassortis aux sous-types H1N3, H3N8, H5N6, H6N2, H7N7 et H9N2. Notre étude révèle les risques sanitaires liés au H3N2 et souligne l'importance d'une surveillance continue du virus de la grippe circulant chez les volailles. »

L'évolution des souches H3
Il y a encore 20 ans, on pensait que les chiens et les chats étaient largement immunisés contre la grippe A. Cette perception a changé lorsque des centaines de tigres d'Asie du Sud-Est sont morts du virus H5N1 après avoir consommé de la volaille contaminée. Plus récemment, les chats domestiques se sont montrés sensibles à la souche hautement pathogène de la grippe aviaire qui se propage dans le monde entier.
Chez les chiens, des inquiétudes sont apparues après la mutation du virus de la grippe équine H3N8 et sa propagation chez les lévriers d'un hippodrome de Floride. Les chercheurs pensent que le virus H3N8 a été transmis directement des chevaux aux chiens sans recombinaison, et qu'il s'agit toujours d'un virus spécifique au chien, aucun cas n'ayant été signalé chez l'homme.
Cependant, une autre souche, la grippe aviaire H3N2, est depuis devenue endémique chez les chiens en Corée du Sud. L'analyse de la souche originale, identifiée en 2007, a révélé que son matériel génétique correspondait étroitement à celui de volailles et de pigeons infectés en Corée du Sud en 2003.

Les chiens comme « récipients de mélange » pour la grippe
Les experts pensent aujourd'hui que les chiens pourraient servir de « récipients mélangeurs » pour différentes souches de grippe, facilitant ainsi potentiellement l'évolution de nouveaux variants susceptibles d'infecter plusieurs espèces, y compris les humains.
« Les virus de la grippe H3N2 ont été l'une des principales causes d'épidémies et se sont largement répandus chez l'homme depuis 1968 » Des chercheurs chinois notent. « Le sous-type de grippe H3N2 est présent chez les humains, les chiens, les furets, les porcs et les oiseaux domestiques et sauvages. Bien qu'il soit actuellement classé comme faible pathogénicité, il circule activement dans les populations humaines. »
Des études récentes ont identifié 12 souches H3N2 d'origine aviaire isolées chez des chiens dans le nord de la Chine. L'analyse génétique suggère que ces souches sont originaires du sud de la Chine et de la Corée du Sud.

Risques croissants pour les humains
Cette souche H3N2 récemment identifiée, originaire de canards de Leizhou et de chiens infectés par la suite, a acquis trois substitutions d'acides aminés similaires à celles des humains par rapport aux souches précédentes. Cela suggère un changement évolutif qui pourrait le rendre plus dangereux pour les humains.
« Ces résultats indiquent que le virus H3N2 évolue au fil du temps et que s'il accumule suffisamment de mutations semblables à celles des humains, il pourrait acquérir la capacité de se propager efficacement entre les humains », l'étude met en garde.
Bien que l'impact précis de ces mutations reste incertain, les chercheurs soulignent que les changements génétiques facilitent déjà la réplication virale dans les cellules de mammifères. « Notre étude indique que le virus H3N2 continue de circuler parmi les populations de chiens en Chine, acquérant de manière persistante des mutations semblables à celles des humains, ce qui représente un risque potentiel pour la santé publique », conclut le professeur Zhao Zhihui.
